• Chapitre 1 - 1ère partie

    Chapitre 1 – Mira 

     

                « Mon nom est Mira. Mira tout court, pour ceux qui se poseraient la question. Et je vais vous raconter comment je me suis retrouvée ici, tout à fait malgré moi.

    Ce matin-là, comme la plupart du temps, le soleil tapait fort sur la ville de Kensyr. La lumière se reflétait sur les murs blancs  des maisons tandis que Je progressais dans les ruelles étroites du centre en longeant les murs pour trouver un peu d’ombre. Même le sable brûlant flamboyait sous mes pas dans des petits nuages d’étincelle qui retombaient lentement derrière moi. Pas un souffle de vent. Cela rendait mon avancée plus douloureuse encore mais j’y étais habituée et cela ne me gênait plus le moins du monde depuis longtemps. De toute façon le vent, dans ma contrée, est toujours chaud et fait tourbillonner le sable. Au moins les rues étaient vides, et j’en bénissais les dieux : mon travail n’en serait que plus simple.

    Récupérer un vieux bouquin. Moi qui ne sais à peine lire, vous vous rendez compte ? Voler des armes, des objets précieux ou de la nourriture, je veux bien ; truquer des convois, apeurer les riches commerçants, d’accord ; mais trouver un livre dans une baraque abandonnée ? C’est bien la première fois que l’on me payait pour ça ! Et c’était bien la première fois que je voyais quelqu’un d’aussi tordu pour me demander ça ! Je n’aurais peut-être pas dû accepter ! Mais en voyant la récompense, je ne pouvais pas refuser. Je me suis dit qu’il devait avoir une grande valeur, ce machin…

    Dans mon métier on se méfie de tout, on est toujours sur la défensive, tous nos sens en alerte. Mais on ne gagne pas grand-chose, donc quand on trouve un boulot avec beaucoup d’or à la clef, je peux vous dire qu’on n’hésite pas beaucoup. Je ne sais pas si c’est une bonne chose de courir ainsi après un travail douteux. Mais là n’est pas la question. Aucun d’entre nous – ou très peux – n’avons véritablement choisis de vivre ainsi. Moi j’arrive à gagner ma vie comme ça, et ça me plait plutôt pas mal vu que je ne connais que ça. Il faut dire aussi que je me suis forgée une petite réputation, mais que j’arrive toujours à rester discrète malgré tout. Quand quelqu’un me cherche, il me trouve, si j’en ai envie. Sinon il peut toujours chercher, ça fait un peu d’exercice !

    Enfin bref, on se fou un peu de ma condition et je ne vous demande pas votre avis. De toute façon je ne compte pas revenir dessus, j’ai été élevée ainsi et c’est la seule chose pour laquelle je suis douée. Voler. Un bien grand mot, d’après moi ! Mes « victimes » n’ont pas un besoin vital de ce que je leur substitue. Moi si. Et puis j’aide parfois les plus démunis, soulignons-le je vous prie, je ne veux pas passer pour une horrible gosse ! Je leur fais des réductions lorsqu’ils me demandent un service… Ne faites pas cette tête, vous ne pensez tout de même pas que je vais travailler gratuitement, la vie coûte chère par chez moi !

    Je me dirigeais vers le plus ancien quartier.

    Il n’y a pas âme qui vive là-bas, je vous assure. Qu’est-ce qu’un livre aussi précieux ferait en ces lieux ? Cela fait longtemps que des pilleurs ont retourné l’endroit de fond en comble ! D’accord, un livre ne devait pas leur sembler intéressant, mais celui-ci devait bien être différent pour valoir aussi cher !

    Mon client, un vieux avec une longue barbe grise qui lui donnait un air mystérieux – plutôt classe pour un homme de son âge –, m’avait indiqué l’endroit d’une manière assez floue mais m’avait assuré que je reconnaîtrais le livre au premier coup d’œil. "Dans la plus haute maison", m’avait-il confié. Sauf que toutes les maisons se ressemblaient. Des copies conforment, de la même taille. Je ne connaissais pas vraiment le coin – en même temps on m’y donne rarement du travail, habituellement – mais je n’ai jamais remarqué de différences. Il fallait commencer par la chercher elle, et le vieux avait l’air sur de lui… J’ai parcouru le quartier en sautant de toits en toits sur les maisons rapprochée, toujours plus loin. Les charpentes, fragilisées par le temps craquaient sous mon poids et les vielles tuiles dégringolaient derrière moi. Cela ne m’a pas arrêté, bien au contraire ; j’étais plus rapide et n’avais pas intérêt à rester au même endroit trop longtemps.

    Le quartier tout entier était bâtit sur le flan d’une colline. Je remontais donc ainsi vers le sommet. J’ai alors réalisé que la maison la plus haute n’était pas forcément plus grande que les autres, seulement bâtit au point culminant. Connaissant mon objectif exact, j’ai cessé les détours et pris la direction précise du sommet. Enfin, je suis arrivée à la fameuse maison, en tout point identique aux autres mais clairement au-dessus. Je suis entrée par une petite fenêtre juste sous le toit en brisant le verre opaque d’un coup de pied. Il faisait sombre à l’intérieur. La maison était toute poussiéreuse et les araignées avaient colonisé l’endroit. Tout ça pour dire qu’elle n’était pas très accueillante et que je ne comptais pas m’y éterniser ! J’ai scruté la pièce. Il y avait bien peu de meubles où ranger un livre et je doutais déjà qu’il soit dans cette maison. Je devais pourtant faire confiance aux informations de mon commanditaire et à mon instinct. J’ai inspiré profondément. Mauvaise, idée : j’ai bien cru m’étouffer avec la toute cette poussière ! Alors que je reprenais tant bien que mal une respiration normale, un curieux mélange entre aboiements, grognements et hurlements retenti au loin. J’ai de suite su de quoi il s’agissait : la meute de chiens sauvages ! Je les entendais déjà se rapprocher à vive allure. Il était possible qu’ils m’aient entendue grâce – ou plutôt à cause – de leur ouïe extrêmement fine…

    Partager via Gmail

  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :