• Chapitre deux

    Chapitre 2Toby 

     

    « Mon nom est Toby. Je suis plutôt solitaire et rien ne me prédestinait à me joindre à vous. Pourtant, suite à des événements que je ne m’explique toujours pas moi-même, je suis ici. Voici donc le récit des derniers jours que j’ai vécu.

    Le dixième jour de l’année de la licorne de notre calendrier, un homme a toqué à la porte. Je ne le connaissais pas encore mais il s’agissait de Kendal.  

    En attendant, ce jour-là, j’étais réellement étonné de voir cet inconnu frapper à la porte d’une famille sans histoire plutôt heureuse. Il m’a simplement demandé de lui rendre un service, et j’ai accepté avec politesse d’écouter de quoi il s’agissait.

    -          J’aimerais que tu surveilles quelqu’un pour moi, m’a-t-il demandé.

    -          Je n’ai pas l’habitude de rendre ce genre de service. Vous devriez plutôt demander à  ces jeunes que l’on surnomme Les Missionnaires, qui remplissent toutes sortes de missions contre quelques pièces. Je vous conseille de vous adresser à une certaine Mira, bien qu’elle n’accepte de rencontrer que ceux qu’elle désire…

    -          C’est d’elle dont je parle.

    -          Pardon ?

    -          Je désire que tu surveilles la jeune Mira pour mon compte.

    Je ne connaissais Mira que par réputation. Je ne savais absolument pas où elle résidait pour la simple et bonne raison que personne ne le savait jamais. Je pensais qu’il pouvait s’agir d’une jeune fille brune aux cheveux courts que j’avais déjà aperçu furetant autour des étals du marché, avec un corps trop maigre pour une personne en bonne santé, et des pieds nus couverts de poussière. Il me semblait avoir entendu quelqu’un prononcer son nom mais je n’en étais plus certain.

    -          Tu devras peut-être la protéger contre les autres, mais surtout contre elle-même. Elle ne sait pas de quoi elle est capable.

    -          Moi non plus.

    -          Certes non mais vous le découvrirez bien assez vite. Je ne peux t’en dire plus. Tu as été choisi, sois en fier et honore la volonté des Dieux. Tu dois accomplir ton destin, jeune homme. Lorsque vous serez près, vous rejoindrez l’Organisation.

    -          Je ne sais de quoi vous parlez !

    -          Elle sera sur la place du marché, cet après-midi… Je l’espère.

    Puis il est partit, me tournant le dos. Je l’ai regardée disparaître au coin de la rue bouche bée. J’avais bien envie de jouer les détectives, même avec une voleuse de la trempe de Mira.

    Mon père est un marchand de tissus renommé, et lui apporter mon aide me semblait être une bonne couverture, alors je me suis élancé vers le marché après avoir glissé dans ma ceinture un couteau bien affuté. J’y ai attendu une bonne partie de la journée avant de distinguer la fine silhouette de la voleuse se frayer un chemin dans la foule. Elle venait dans ma direction. Je me suis alors retranché dans l’arrière-boutique. J’ai attendu là jusqu’à ce qu’elle y rentre elle aussi. Est-ce qu’elle m’avait vu ? Je me suis glissé derrière des rouleaux de tissus empilés en gardant un œil sur elle. Peut-être voulait-elle voler quelque chose ? Pourtant elle est restée à l’entrée, restant assise et immobile. En quelques instants, elle semblait s’être fondue dans le paysage, si bien que si je n’avais pas su qu’elle était là, mes yeux seraient passés au travers. Elle n’avait pas l’air si effrayante, accroupit parmi tous ces tissus. Sans savoir pourquoi, je me suis approché silencieusement avant de m’assoir non loin d’elle. Elle m’a dévisagé quelques secondes puis a de nouveau fixé son regard sur l’extérieur. Elle semblait attendre quelque chose, ou quelqu’un.

    J’ignorais tout d’elle mais je refusais de croire qu’elle était une mauvaise personne. Elle volait probablement pour survivre parce qu’elle n’avait rien ni personne, comme nombreux des jeunes de son âge. Mais je ne connaissais rien de tout cela et il me semblait que lui parler ainsi n’était pas une bonne idée. Alors j’ai gardé le silence.

    Après quelques minutes, mon père m’a appelé. J’avais disparu trop longtemps, et il avait besoin de mon aide. Mira n’a pas bougé, et ne semblait pas prête à le faire. Je reviendrai plus tard. Avant de partir, il fallait seulement que je m’assure qu’elle était bien la bonne personne, même si je doutais m’être trompé.

    -          C’est bien toi, Mira ?

    -          Oui, m’a-t-elle répondu sans hésitation.

     

    Vous connaissez déjà la suite, jusqu’à ce que Mira disparaisse en pleine nuit à la recherche d’informations. Je ne vous cache pas que j’étais bien embêté. J’étais censé la protéger et je l’envoyais je ne sais où, dans des quartiers inconnus et dangereux, qui plus est à la seule lumière de la lune. Mais la jeune voleuse savait ce qu’elle voulait et ce qu’elle faisait. Je pouvais lui faire confiance, au moins pour cela. Si j’avais tenté de l’en dissuader, je suis certain qu’elle aurait pris encore plus de risques… Il était tard, et ne pouvant plus rien pour elle, je suis rentré chez moi.

    J’avais prévenu mon père que je rentrerais tard et tous dormaient déjà. Mon quartier était l’un des plus sûrs de la ville : assez riche pour abriter des familles sans histoire, mais trop pauvre pour attirer les voleurs et les brigands. Ils étaient convaincus que rien ne pouvait m’arriver, et me laissaient libre de mes mouvements sans poser de questions, et je les en bénissaient.

    Le lendemain matin je me suis levé tôt avec la ferme intention de retrouver Mira. Je me suis dirigé directement vers le marché, le seul endroit où je l’avais vue, l’endroit où j’avais promis le silence en échange d’informations. Le code de l’honneur, chez les voleurs et les brigands, est très important et respecté. J’espérais de tout cœur qu’il en soit ainsi pour elle. Mais elle n’y était pas. Trois scénarios étaient, à mon sens, envisageables : soit elle n’avait pas tenu sa promesse, soit elle n’avait pas les informations qu’elle cherchait, soit il lui était arrivé malheur, et dans ce dernier cas, je ne me le pardonnerais pas. J’ai déambulé dans les rues sans trop savoir où aller. Certains quartiers étaient le repère de voleurs, bien sûr, et la logique aurait voulu que je commence par ceux-là,  mais ils n’étaient pas vraiment accueillant et je les craignais trop pour m’y aventurer seul.

    Mes pas m’ont finalement mené dans les larges rues animées du centre de la ville. J’ai atteint la rue principale, qui traverse toute la ville et les places les plus importantes, dont la place du marché, vers la gauche, et la rue principale, vers la droite. J’étais prêt à prendre à gauche pour retourner vers le marché pour vérifier qu’elle n’y était toujours pas lorsque j’ai réalisé qu’il régnait une atmosphère étrange dans la foule, aussi électrique que les jours de fête. Tous se dirigeaient vers la place principale. J’ai suivis le mouvement jusqu’à la place.

    C’est alors que je les ai vus avancer, en sens inverse, se frayant un chemin à coup de bâton parmi la foule ; ceux que tous surnomment les FAK : les redoutables Forces Armées de Kensyr !

    Par ici, lorsqu’on en voit, on se cache le plus vite possible. Surtout lorsqu’on a quelque chose à se reprocher. Mais de toute façon il y a toujours quelque chose contre vous. Qu’on vous ai vu parler avec la fille de la cousine du frère de l’un d’eux, qu’une source anonyme ait dit vous avoir reconnu voleur de pomme ou que vos habits ne conviennent pas à leur vue ; tout prétexte est bon pour vous faire payer une amande et passer une nuit en cellule.

    Mais cette fois, ils semblaient avoir arrêté de « vrais » coupables, puisqu’ils les tenaient à la vue de tous, au centre de la place. Je me suis approché pour voir de quoi il s’agissait, me frayant tant bien que mal un passage au milieu de la foule. C’est alors que j’ai reconnu les fines silhouettes d’une femme et de deux enfants. De vrais coupables ? Ils venaient d’arrêter une femme et deux enfants aux yeux de tous ! L’ambiance ressemblait pourtant bien à celle d’une fête. On entendait des éclats de rires, des hourras, ainsi que des voix criant sans gêne : « A mort ! ».

    Je n’ai compris que lorsque j’ai entendu autour de moi des conversations à propos de sorcières. Une sorcière qui aurait enfanté de deux démons. Si cette femme était accusée de sorcellerie, alors elle serait brûlée vive sur la place. Quant aux enfants, un sort identique les attendait probablement.

    Je me suis encore rapproché du cortège. La foule ne s’empêchait pas de rouer la pauvre femme de coups et on lui lançait toutes sortes d’objets. Elle saignait déjà à la tempe et les gardes ne faisaient rien pour en éloigner la foule oppressante. Malgré son pas chancelant, elle gardait fièrement la tête haute, et tentait de protéger de ses mains liées dans le dos les deux adolescents qui la suivaient. Un garçon et une fille. L’un avait des cheveux bruns qui tombaient dans ses yeux sombres, et l’autre était blonde aux reflets roux et ses yeux hésitaient entre le bleu et le vert Seule une même lueur horrifiée se reflétait au fond de leurs deux regards, cachée par un semblant de fierté que leur inspirait leur mère. Quoi qu’il en soit, ils n’avaient rien de démoniaque à mon goût.

    Une fois au centre, sur une sorte de piédestal en bois, un des gardes à saisit un parchemin. Le silence s’est fait sur la place et il a commencé à lire d’une voix impériale :

    -          Cette personne, du nom de Maynie Trelos, a été officiellement arrêtée ce matin au cœur d’Imélia, que vous savez être la forêt interdite. Voici les chefs d’accusation qui pèsent contre sa personne : présence illégale dans une partie interdite de la royauté de Kensyr, détention illégale de produits et potions potentiellement dangereuses, pratique illégale de la sorcellerie, dissimulation de la naissance illégale de deux enfants et conspiration pour l’enlèvement des dix-sept adolescents disparus ces deux dernières années.

    A cette dernière accusation, des cris s’élevèrent parmi les spectateurs. J’avais entendu parler de la disparition de ces adolescents mais jamais l’on ne m’avait parlé d’enlèvement, surtout pas par cette prétendue sorcière. La foule était folle de rage, chacun était prêt à voir payer Maynie Trelos pour les crimes qu’elle avait commis, et ceux qu’elle n’avait peut-être pas commis. Ils avaient besoin d’un coupable.

    -          Madame Maynie Trelos est donc condamnée au bucher. Néanmoins, si elle apporte son aide à l’enquête concernant les enlèvements et assume chacun de ses crimes par des aveux complets, sa peine ainsi que celle de ses enfants sera plus clémente.

    La désapprobation du public s’éleva tel un glas funèbre annonceur de mort. L’homme enroula le parchemin et se rapprocha de sa prisonnière.

    -          Nous voulons des noms.

    -          Mes enfants sont innocents. Laissez-les vivre et je vous dirais ce que je sais.

    -          Je ne pense pas que vous soyez en mesure de négocier quoi que ce soit. Les noms, insista le garde.

    Elle a soutenu son regard et est restée impitoyablement silencieuse. Il a levé le bras et l’a baffée si fort qu’elle est tombée sur l’estrade. Les deux enfants ont réagis au quart de tour se débattant vainement pour aller la défendre. La jeune fille est tombée à genoux et a supplié le garde de ne plus frapper sa mère, les larmes aux yeux. Mais le garde FAK a envoyé un coup de pied dans les côtes de la pauvre femme qui tentait de se relever. Il l’a ensuite attrapée par le col pour la relever et la présenter aux yeux de tous.

    -          Cette sorcière sait où se trouvent vos enfants ! Elle veut entraver notre enquête mais nous la ferons parler et nous vous ramèneront vos enfants, s’ils ne sont pas déjà morts par sa faute !

    D’après la majeure partie de la foule, il avait raison. Je ne voulais pas assister à la suite, sans pouvoir rien faire. J’ai traversé la marée humaine pour m’éloigner au plus vite de cet affreux spectacle, le moral au plus bas. C’est alors que dans mon champ de vision est apparue Mira, venant de nulle part, comme à son habitude.

    -          Tiens, une connaissance ! s’est-elle écriée. Je viens du marché, que se passe-t-il là-bas ?

    -          Condamnation. Une femme accusée de sorcellerie et d’enlèvement. Ce n’est pas beau à voir.

    -          Vraiment ? Alors comment expliques-tu cet attroupement ?

    J’ai haussé les épaules. Je n’approuvais pas la situation. Toute personne n’avait-elle droit à un jugement en bonne et due forme, quels que soient ses crimes ? Mira parut soudain septique.

    -          Que se passe-t-il, j’ai faits quelque chose ? ais-je questionné.

    -          Tu as bien dis enlèvement ?

    -          Oui, tu sais, les adolescents disparus.

    -          Faut que je parle à cette femme ! s’est-elle écriée en s’élançant vers la place.

    Je l’ai suivie. Il fallait que je l’arrête avant qu’elle ne fasse une erreur qui lui coûterait probablement la vie. Elle aussi était recherchée depuis longtemps… Je l’ai attrapée par le bras.

    -          Et que comptes-tu faire ? Elle est étroitement surveillée non seulement par des gardes mais aussi par la foule ! lui ai-je lancé.

    -          Lâche-moi ! Les disparitions ont un rapport avec l’Organisation. Si cette femme à un lien avec elles, alors elle doit connaître l’Organisation !

    -          Ce n’est pas une raison pour te suicider !

    -          Bien. Que proposes-tu ?

    Je n’avais malheureusement pas de réponse à lui soumettre. Devant mon silence, Mira à repris d’un ton victorieux :

    -          Dans ce cas, nous allons faire à ma manière. Ais juste un peu confiance, je pense être mieux placée que toi pour ce genre d’opération.

    -          Je te suis.

    -          Hors de question, toi, tu restes là, a-t-elle vivement objecté.

    Elle s’est retournée sans me laisser le loisir de protester. Je n’avais plus le choix, je devais de nouveau assister à la scène en tant que simple spectateur, que cela me plaise ou non.

                Sur la place, une sorte de mat avait été hissé sur une estrade pour y ligoter Maynie Trelos. Elle baissait la tête, cachant honteusement les blessures de son visage à la foule. Combien de temps résisterait-elle avant de parler ? J’étais admiratif de cette femme, qui malgré tout ce qu’elle subissait, refusait d’aider ses ennemis. Ses enfants aussi mettaient toutes leurs dernières forces dans leur folle résistance, et le jeune brun se débattait toujours avec autant de fougue ; et toujours aussi inutilement.

                Hypnotisé par le funeste spectacle qui s’offrait à mes yeux, j’avais perdu Mira du regard. J’ignorais quel était son plan mais elle avait raison, c’était elle la spécialiste. J’espérais simplement que son plan était génial, parce que la situation n’était pas vraiment à notre avantage.

                Je n’ai pas attendu très longtemps : une lame a surgit dans le ciel, allant se figer dans le mat dressé sur la place. Les liens de la prisonnière se sont relâchés et elle s’est écroulée sur l’estrade. Le soldat qui se trouvait à ses côtés l’a observée un moment sans comprendre avant de tomber à son tour, un couteau planté dans le dos.

                 La foule a eu un mouvement de recul. La panique l’a rapidement envahit et les spectateurs les plus effrayés ont courus en sens inverse. Bousculé par ce chaos, je me suis retrouvé à terre, piétiné sans pitié. J’ai ainsi raté la suite des événements, allongé sur le sol. Lorsque je me suis redressé, les gens restant étaient attroupés au plus près de l’estrade et se battaient entre eux pour attraper ou défendre les deux adolescents et leur mère. Il ne restait qu’un unique soldat encore debout. Celui-ci est monté au niveau de l’accusée à une vitesse surprenante, l’a mise sur son dos puis a traversé la place se servant d’elle et de quelques civils comme bouclier. J’ai rejoint les hommes et femmes qui avaient défendus les prisonniers. Certains d’entre eux n’étaient finalement pas plus âgés que Mira et moi, tandis que d’autres ne comptaient plus leurs années depuis longtemps. Récupérant ses lames dans le corps de ses victimes avant de les essuyer sur leurs vêtements, Mira semblait exaspérée. Les événements ne s’étaient pas tout à fait déroulés comme elle l’avait souhaité. Elle s’est tournée vers le bas de l’estrade et m’a aperçu.

    -          Toby… Je crois bien que je vais devoir tuer quelqu’un !

    J’ai observé le corps qui jonchait le sol à ses pieds avec une moue dubitative.

    -          C’est déjà fait…

    Elle a marqué un temps d’arrêt, puis m’a souri, calmée.

    -          Tu as raison, je parlais de ce garde qui s’est barré avec la prisonnière. Ne fait pas cette tête, ces gardes des Forces Armées de Kensyr n’ont eu que ce qu’ils méritaient ! Bon, espérons que ses enfants savent quelque chose…

    Elle a sauté au bas de l’estrade et s’est dirigée vers les deux jeunes. Les hommes s’écartaient sur son passage pour la laisser passer, marque d’un profond respect.

    La blonde s’est redressée, soutenant son frère. Elle était un peu plus grande que Mira, et la toisait d’un œil mauvais.

    -          Que nous voulez-vous ?

    -          Vous sauver, a rétorquer Mira sans faillir.

    -          Eh bien… Merci. A présent nous voudrions rentrer chez nous. Avec notre mère si possible.

    -          Non, ils l’ont emmenée. Et il se pourrait que nous ayons besoin de votre aide.

    Le masque dur de la jeune fille s’est écroulé avec toute sa fierté. Elle n’en pouvait plus de se battre.

    -          Mais qu’avons-nous à voir avec tout ça ?

    -          Je vous renvoie la question, je n’en sais pas plus que vous.

    -          Alors pourquoi vous donner tant de mal pour nous ? a-t-elle demandé, les yeux emplis de tristesse.

    -          Je cherche une certaine Organisation secrète.

    -          Jamais entendu parler, désolé…

    Mira a exprimé sa déception d’un soupir et s’est retournée vers moi.

    -          Ne me demande pas de m’excuser pour cette hécatombe… a-t-elle grimacé.

    -          Je ne m’apprêtais pas à le faire. La suite m’importe plus.

    -          T’inquiète pas, je pense avoir une piste !

    -          Et que fait-on de ces deux-là ?

    La jeune fille blonde a redressé la tête :

    -          Vous ne pouvez pas nous abandonner maintenant ! Mon frère est grièvement blessé et nous ne connaissons rien à la ville… Ni aux hommes…

    -          Bien sûr que nous pouvons ! a lancé Mira d’un air de défi.

    -          Oh que non nous ne pouvons pas !

    Elle s’est retournée vers moi et m’a lancé un regard noir.

    -          C’est hors de question que je joue les nounous, si tu veux t’occuper d’eux, libre à toi, mais je ne t’attendrais pas ! J’irai retrouver cette organisation au plus vite, avec ou sans toi.

    -          Dans ce cas nous venons avec vous.

    Le brun venait à son tour de lever les yeux sur nous et avait parlé d’une voix faible mais décidée.

    -          Silas, c’est à peine si tu peux marcher, a objecté sa sœur.

    -          Nous n’avons plus rien, Azalée, et je veux quelque chose de meilleur pour que la petite fleur que tu es s’épanouisse. Il faut qu’on les accompagne et qu’on trouve cette foutue Organisation, quoiqu’elle cache, parce que notre mère est faisait peut-être partit et qu’elle n’aurait jamais enlevé des enfants pour le plaisir.

    -          Et si elle était victime de chantage ?

    -          Elle n’aurait pas risqué sa vie pour eux, qui qu’ils soient.

    Azalée a soupiré mais l’a aidé à se lever, vaincue.

    -          Eh, on ne m’a pas demandé mon avis, a protesté Mira.

    -          Je t’en prie, fais preuve d’un peu de bonne volonté ! ai-je contré.

    Les deux jeunes blessés lui ont lancé un regard suppliant avec un bel ensemble. Elle a détourné le regard d’un geste vif pour le poser sur l’entrée de la place.

    -          Quoiqu’il en soit on ferait mieux de ne pas rester dans les parages.

    Sa réponse sonnait comme une approbation déguisée. N’aurait-elle pas pu simplement dire « oui » ? Elle avait néanmoins raison, comme toujours : les passants reprenaient peu à peu possession de la place et des gardes ne tarderaient pas à venir en renforts. Ou peut-être ne s’en donneraient-ils même pas la peine, pour deux adolescents blessés… Il nous fallait nous mettre en route vers cette Organisation mystérieuse, malgré notre appréhension de l’inconnu et nos doutes. Pourquoi me sentais-je si imprégné de cette idée, moi dont la vie était sans encombres, moi qui n’avais rien à voir ni avec ces deux jeunes adolescents, ni avec l’imprévisible Mira ? Pourtant je reconnaissais la présence d’un livre que j’avais vu le jour précédent, s’illuminer dans mon esprit comme il l’avait fait dans les mains de Mira. Ce livre que je n’avais pu oublier et qui me poussait à continuer notre investigation pour retrouver l’Organisation… »

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